Des images imprimées en grand format sur du papier-calque, des aplats de couleur peints à même le mur, des plaques de méthacrylates ou de polycarbonates, transparentes ou colorées, des cadres métalliques ou des socles en contreplaqué. Voici ce qui compose les éléments de construction des « Mono-Tones ».
Les images ont été choisies dans le fonds qui constitue la matière première de mes carnets (1) pour leur manque délibéré de signification évidente qui renvoie en même temps à l’architecture, à la sculpture, à la peinture. Elles ont été tirées en grand format sur du papier-calque, en enlevant la couleur. Le processus de passage par le traceur et la photocopieuse a laissé des traces qui se sont inscrites sur la transparence du calque. Le noir et blanc devient tramé et amène la perception de l’image vers le dessin.
Ces images sont mises en rapport avec des plaques de méthacrylate et superposées à des plans de couleur au sein d’un collage spatial. Les trois dimensions construites par les cadres et les socles, ainsi que la distance imposée par les reflets du méthacrylate soulignent le statut changeant de ces plans: ceux de l’image, de ses supports supposés et de ceux qui la délimitent. Ces profondeurs impliquent aussi le mouvement du spectateur pour la lecture de ces différents plans, du «graphisme» provoqué par leurs superpositions et de leurs dissociations dans l’espace.
Il se peut qu’une des raisons du choix de présenter des Mono-tones à la chapelle de Locmaria tienne à la traduction espagnole de calque, papel vegetal, qui me semblait une façon intéressante d’inscrire des images dans une autre matérialité: une peau qui les oppose à la qualité minérale du lieu.
Les Mono-tones renvoient clairement aux dispositifs d’appréhension des tableaux, un des objets de mon travail depuis longtemps mais aussi à ses constructions historiques, comme les retables et les polyptyques. Cela constitue très possiblement la première raison de mon choix pour ces pièces dans ce contexte. Cet intérêt pour la multiplicité et la dissociation spatiale suggère le fait empirique que, considéré d’une certaine façon, la forme est le fond. En politique, ceci est une loi et l’actualité que nous vivons ne cesse de nous le rappeler cruellement, alors que dans l’histoire de la peinture et la sculpture modernes d’où je viens, c’était plutôt une valeur. Étudiant, je me souviens d’avoir lu que Marx considérait la valeur comme «simple et vide de contenu» et ceci ne manquerait pas de relation avec ce que j’ai tenté de réaliser avec les Mono-tones.
Paris, Mai 2011
Miquel Mont
Notes
1 J’explique ce que sont mes «carnets» ainsi que ma personnelle relation à la photographie dans le texte intitulé «sous-exposé» paru dans le catalogue Les Autres Œuvres, La peinture et ses images, un projet de Miguel Angel Molina, Les éditons du Provisoire, 2010