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Eric de Chassey VITAMIN P

Dans des œuvres qui ne resemblent pas toujours a des tableaux conventionnels, Miquel Mont réunit certaines traditions que l’histoire de l’art du XXème siècle a souvent séparées : il raffole des beaux effets de matières, comme son compatriote catalan Antoni Tàpies ; il aime les reliefs tourmentés qui rappellent l’un des peintres oubliés du post-colour field, Larry poons ; il vante la rigueur des procédés analytiques tels qu’ils ont été systématisés par les membres de la dernière avant-garde française, Support Surfaces, et par l’héritier improbable des années 80, Bernard Frize ; il travaille avec l’énergie subversive et la générosité des situationnistes et du punk rock. Le but de Mont n’est pas d’énumérer des procédés mais de créer des œuvres dont la procédure particulière engendre de nouvelles expériences esthétiques. Bien sûr, il a toujours joué avec les méthodes déconstructivistes. Dans la série « Peintures empilées », il applique d’épaisses couches de peinture les unes sur les autres et crée ce qui semble à première vue une peinture monochrome, mais dont la tranche révèle la structure de millefeuilles. Dans la série « Peintures emmurées », il presse une couleur entre deux panneaux (qui auraient été le fond dans la peinture traditionnelle) jusqu’à ce que des taches solides de peinture apparaissent tout autour, emprisonnant la peinture dans une architecture. Les œuvres sont alors montrées comme un tableau traditionnel accroché au mur, ou comme des sculptures horizontales sur le sol, ou encore comme des murs à part entière. Pendant deux ans, il a varié cette méthode, en collant un morceau de toile brute sur un autre ; la peinture sert de colle, ce qui permet de voir les tranches de la toile. Autre grande série, « Peaux murales » montre la « peau » de la peinture ; l’artiste perfore un panneau ou un mur, en fait une grille régulière de trous, qu’il recouvre d’une épaisse couche de couleur vive. Il a utilisé une méthode identique au milieu des années 1990 pour attaquer la toile, dans une série où le relief polychrome à l’acrylique était ponctué de creux obtenus en versant des gouttes de solvant. Dans une autre série, « Gouttes », des fonds de peinture servent à créer de nouvelles œuvres : Mont amalgame des gouttes de peinture solidifié qui composent un monochrome complexe, comme un dépôt de couleur prenant l’apparence de multiples petites cupules. Ainsi décrit, le travail de Mont semble n’être qu’un jeu didactique sur et à propos de la peinture abstraite, mais il ne faut pas oublier que chaque série est composée seulement d’un petit nombre d’œuvres, motivées par le plaisir de l’expérimentation. Elles ne contiennent pas de sous-produits les transformant en marchandises de marque commercialisables et elles ne se répètent pas par un simple et minuscule changement. La condition matérielle de la peinture est ici mise en valeur, réfutant toute idée d’un monde ou d’un sens existant au-delà de ce qui est donné à voir dans le tableau. Mais cette condition travaille sur la possibilité de créer un objet parmi les objets communs, un objet créé avec les seuls moyens de la peinture. Ayant subverti la tradition et mis le formalisme sens dessus dessous, ces œuvres nous laissent la seule énergie de la peinture. Toutefois, cette énergie n’est pas l’expression de l’autorité de l’artiste lui-même, elle est celle que chacun peut convoquer, pour peu qu’il admette les principes d’une liberté infinie sur un mode réellement anarchique.

Eric de Chassey VITAMIN P 2003

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